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10 décembre 2006

J.M.W Turner, ou l'apothéose de la lumière en peinture.

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Joseph Mallord William Turner (1775-1851),

Autoportrait, 1799, Londres, The Tate Gallery.

QUOI ?! Vous ne connaissez pas Turner? Alors laissez-moi vous présenter le plus génial des artistes, Joseph Mallord William Turner.

J.M.W Turner nait à Londres, dans le célèbre quartier de Covent Garden, le 23 avril 1775, son père est un modeste barbier. Une sœur nait plus tard, en 1778 mais meurt à peine âgée de quatre ans. En 1785, alors que se déclare la maladie mentale de sa mère, Turner est envoyé chez son oncle maternel à Brentford, où il découvre le dessin qui très vite le passionne. Son père expose les œuvres de son fils dans la vitrine de sa boutique, en effet la famille Turner encourage William et le soutien dans sa passion, ce qui n’est pas courant. En 1786, à peine âgé de 11 ans, le jeune Turner colorie des estampes chez des graveurs ou des éditeurs de Londres. À 14 seulement il est admis élève à la Royal Academy en 1789. Un an plus tard il participe pour la première fois à l’exposition annuelle de la Royal Academy, où l’on remarque son aquarelle Le Palais de l’archevêque de Lambeth qui montre sa grande maîtrise de la perspective à… 15 ans.

À partir de 1791, il commence à voyager en Angleterre et en Ecosse pour illustrer des guides de voyages qui sont très à la mode à l’époque.

Comme les bourses d’étude n’existent pas Turner subvient à ses besoins en produisant énormément d’aquarelles avec son ami Thomas Girtin, qui se charge du dessin, dans lequel il est le meilleur, tandis que Turner s’occupe des lavis. Les deux amis se voient tous les vendredis pendant trois ans ; leurs aquarelles connaissent du succès et leur garantissent une certaine aisance de  même que les cours particuliers que donne Turner. En 1793, il reçoit le "Greater Silver Pallet" pour un dessin de paysage. Mais cela ne lui suffit pas, il veut s’essayer à la "vraie peinture" : la peinture à l’huile, c’est chose faite avec une marine, Pêcheurs en mer qu’il expose en 1796. Turner est particulièrement fasciné par le peintre français Claude Gellée dit Le Lorrain dont il admire la maîtrise de la lumière et l’illusion d’éblouissement que provoquent ses tableaux. On raconte que lorsque Turner, tout jeune, vit pour la première fois une vue de port par Le Lorrain, il se mit tout bonnement à pleurer et lorsque l’on l’interrogea sur les raisons de son chagrin, il répondit "Parce que je ne serai jamais capable de rien peindre qui puisse se comparer à ce tableau !".

La production de Turner va d’abord s’orienter vers la peinture de grandes marines, très réalistes, souvent dramatiques mais au style conventionnel et un peu froid. Un autre sujet passionne aussi Turner, celui du sublime avec des tempêtes, des avalanches, des tremblements de terre, bref de l’homme démuni face à la nature furieuse. On retiendra La cinquième plaie d’Egypte ou Une avalanche dans les Grisons pour ce registre. Turner est de plus en plus connu et apprécié, son art lui rapporte, il vit confortablement.

Le 4 novembre 1799, Turner est élu membre associé de la Royal Academy puis académicien le 12 février 1802, à 26 ans, ce qui fait de lui le plus jeune membre jamais élu ! Turner s’enrichit rapidement, ses prix connaissent une inflation, en effet alors qu’il avait cédé contre dix livres pour Pêcheurs en mer, il vend à peu près 350 livres ses œuvres, ce qui est beaucoup pour l’époque. Son principal mécène est Lord Egremont, qui aime les artistes novateurs et libres, il invitera souvent le peintre chez lui, à Pertworth.  Non content d’exposer chaque année à la Royal Academy et à la British Institution, Turner ouvre en plus sa propre galerie, en 1804, dans le centre de Londres pour y exposer ses œuvres en permanence et servir de refuge à des artistes en manque d’inspiration. En 1807, il est élu professeur de perspective à la Royal Academy (il a 31 ans !) tâche dont il s’acquitte cependant sans grand enthousiasme. Dès 1806, il commence la réalisation du Liber studiorum, un catalogue de gravure d’une excellente qualité, inspiré du Liber veritatis de Claude Le Lorrain, qu’il imite et surpasse dans des tableaux tels que La fondation de Carthage par Didon, ou la Naissance de l’Empire carthaginois.

À partir de 1817, sa situation financière le lui permettant, Turner va passer son temps en voyage dans toute l’Europe, ce qui lui inspirera des dizaines de toiles et des milliers d’aquarelles sans parler de ses carnets de croquis qu’il noircit d’esquisses, de dessins. Turner voyage surtout l’été, il apprécie particulièrement l’Italie et la Suisse mais on le voit partout. Il peint Hannibal franchissant les Alpes, Rome vue du Vatican ou d’autres peintures d’histoire. S’il aime les alpes, il est émerveillé par Venise et produira près d’une vingtaine de toile de la Sérénissime et beaucoup d’aquarelles. On pourra retenir Le Palais des Doges, Vue de Santa Maria Della Salute ou encore Vue du Grand Canal. Il est aussi de passage en France, il descend ou remonte plusieurs fois la Seine et voyage en bateau à vapeur sur la Loire, produisant un nombre incroyable de croquis et d’aquarelles. Ensuite il voyage plutôt en Europe du nord, Allemagne, Danemark, ou au Royaume des Pays-Bas.

Si Turner avait déjà un style personnel, à partir de 1830, il va révéler toute son originalité et tout son génie. Ses tableaux, de plus en plus abstraits, démontrent une maitrise incomparable de la lumière et des couleurs ainsi qu’une volonté de dissoudre les formes. On pourra retenir Le Navire de Guerre le "Téméraire" remorqué jusqu’à son dernier mouillage pour y être démantelé, ou Tempête de neige ; un bateau à vapeur du port de Mouth envoie un signal dans l’eau peu profonde, et prend la tête. L’auteur était dans cette tempête la nuit où l’Ariel quittait Harwich, ou Pluie, vapeur et vitesse – le chemin de fer du Grand Western ou encore Crépuscule sur un lac, pour n’en citer que quelques-uns. Turner a toujours du succès mais trop en avance sur son temps, il subira souvent des critiques virulentes de la part de ses contemporains.

Le 19 décembre 1851, Turner décède à 79 ans d’une maladie de cœur. Il laisse derrière lui près de trois cents toiles et quelques vingt-mille dessins et aquarelles. Turner demande dans son testament que la vente de ses biens serve à édifier une galerie pour exposer ses œuvres et dont l’entrée sera gratuite. Une partie de l’argent devra aussi servir à la création d’une institution charitable pour les peintres anglais nécessiteux. Il demande aussi que deux de ses tableaux Didon faisant construire Carthage et Le soleil levant à travers la vapeur soient exposés en face de deux œuvres de son "maître" Claude Le Lorrain, Port de mer avec L’embarquement de la reine de Saba et Le moulin (Les Noces d’Isaac et Rebecca).

De la vie privée de Turner on ne sait presque rien puisque l’artiste fut là-dessus d’une discrétion à toutes épreuves. On sait seulement qu’il avait deux filles d’une liaison avec la veuve d’un musicien et compositeur Sarah Danby, liaison rompu pour des raisons inconnues ; à sa mort Turner avait une autre compagne, Sophie Booth (1798-1875) veuve d’un marinier avec laquelle il eut une liaison de 18 ans sans que personne ne le sache.

On dit que les derniers mots de Turner furent : "Maintenant je rejoins l’infini" ou "Dieu est le soleil", selon les versions.

La plupart de ses œuvres peuvent être admirées à Londres à la Clore Gallery attenante à la Tate Britain dans le quartier de Westminster et à la National Gallery, en face de Trafalgar Square.

D.

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Commentaires
L
tres impressionante comme vie...<br /> Il a eu beaucoup de chance de pouvoir exercer sa passion dans l'aisance, c'est pas le cas de beaucoup...<br /> Mais il a continue avec toujours la meme effervescence bien qu'il n'en avait plus forcement la necessicite, et c'est tout a son honneur !
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